Accès aux droits, aux soins et la prévention des personnes migrantes : actions d’éducation et promotion de la santé

2022

Porteur de l'action : Migrations Santé Alsace (MSA), Association

24, rue du 22 novembre , Strasbourg

Thème
Santé au travail, Nutrition (alimentation et activité physique), Cancers, Sexualité (contraception, IVG), Santé mentale, VIH-Sida IST, Hépatites (VHB - VHC)

Contexte
1. Une population migrante majoritairement précaire et de fortes inégalités sociales de santé
Qu’elle soit volontaire ou subie, la migration fragilise les populations. Différentes études attestent que l'état de santé des migrants est globalement meilleur que celui de la population du pays d’origine mais que celui-ci se dé-grade après leur arrivée et leur installation dans la société d'accueil. Ceci se traduit par des inégalités de santé puisque, à âge identique, les hommes immigrés ont une probabilité supérieure de 30% de déclarer un état de santé altéré que les hommes de la population majoritaire. Pour les femmes immigrées, cette probabilité s’accroît de 80% . Parmi les déterminants qui expliquent cette inégalité, les conditions de vie jouent un rôle essentiel. En effet, les immigrés sont surreprésentés parmi les populations précaires. Selon l’INSEE (2013), Leur niveau de vie est inférieur de 30% à ceux des non-immigrés et le taux de pauvreté avoisine les 40% (contre 14% en moyenne). D’autres dé-terminants doivent également être pris en compte notamment la perte de réseaux de soutien, la barrière de la langue et les traumatismes liés à l’exil. Favoriser l’accès aux droits, aux soins et à la prévention des personnes immigrées renvoie ainsi à un enjeu de ré-duction des inégalités sociales de santé. Ainsi, l’académie de médecine, dans son rapport Précarité, pauvreté et santé de juin 2017, recommande de réaliser des efforts particuliers en direction de groupes sociaux particulièrement vulnérables dont les migrants.
2.Une population migrante inégalement répartie sur le territoire, d’origine diverse.
Au sein de la région, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin concentrent la majorité de la présence immi-grée avec 49,3% du total des immigrés du Grand Est. C’est également le territoire qui accueille le plus de primo-arrivants avec 49,3 % des nouveaux titres de séjours délivrés dans le Grand Est. La provenance des bénéficiaires du Contrat d’Intégration Républicaine est variée, avec plus de 115 nationalité diffé-rente. Les pays les plus représentatifs sont le Maroc, le Kosovo, l’Afghanistan, la Turquie, l’Algérie, la Syrie et l’Albanie. La population ciblée par nos actions correspond au public-cible du Conseil Régional, à savoir les « publics éloi-gnés des dispositifs de santé ».
Dans leur vie quotidienne, les populations migrantes et primo-arrivantes ont un accès limité à l’information et restent majoritairement exclues des campagnes de prévention, ce qui restreint leur accès aux droits et aux soins. Certes, de façon générale, dans les couches populaires – parmi lesquelles les migrants sont surreprésentés - les comportements de prévention et le recours au soin sont inférieurs aux catégories plus aisées. Néanmoins, certaines spécificités des migrants sont, ici, à prendre en compte :
• la langue d’origine peut porter des représentations différentes dans la façon même de nommer le corps, l’intime, la santé et les maladies ;
• les décalages entre les cultures et modes de vies des pays de départ et d’accueil peuvent avoir une inci-dence sur la santé ;
• les politiques de santé des pays d’origine peuvent influencer la façon dont les comportements de préven-tion sont pensés et suivis ;
• le système de soins français reste largement méconnu et peu accessible du fait de la barrière de la langue.
Ainsi, une étude de 2015 montre que près de la moitié des migrants d’Afrique subsaharienne séropositifs au VIH et résidant en Ile-de-France ont été infectés après leur arrivée en France . De plus, un rapport d’avril 2018 montre que les cancers sont diagnostiqués dans une plus grande proportion à un stade précoce chez les 40-74 ans . Cette étude confirme le bien-fondé de nos actions, car elle montre que les ac-tions d’éducation et de promotion de la santé ont un impact positif en ce qui concerne les 40-74 ans, « classe d’âge qui inclut la cible des programmes de dépistage organisé ” . Ces spécificités sont d’autant plus fortes que les personnes sont arrivées sur le territoire récemment et ont peu eu la possibilité de se familiariser avec le système de soins français, les modes de vies et les représentations. Ces différents éléments s’articulent et évoluent selon les trajectoires des migrants et des primo-arrivants et leurs his-toires de vie. Aussi, seule une démarche de proximité permet de prendre en compte les aspects culturels tout en laissant à la personne sa position de sujet. Le contexte sanitaire lié à l’épidémie de la COVID-19 touche l’ensemble de la population mondiale mais ce sont les plus vulnérables et les plus pauvres qui sont les plus impactés, tant d’un point de vue sanitaire qu’économique. Des études récentes mettent en lumière ces inégalités et démontrent que le virus touche de façon plus importante les ménages les plus modestes, généralement en moins bonne santé, et parmi eux les migrants sont sur-représentés. Ainsi, un rapport publié en octobre 2020 par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) compilant les données sur l’impact de la crise économique et sanitaire parmi ses pays membres, sou-ligne un risque d’infection et une mortalité plus élevée, malgré une moyenne d’âge plus jeune chez les personnes immigrées comparé à celui des personnes nées dans le pays. En France, une étude de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) , réalisée en juillet 2020, démontre une mortalité chez les immigrés deux fois plus élevée face à la pandémie de Covid-19. Pendant la crise sanitaire liée à la Covid-19, le nombre de décès a fortement augmenté en France, avec des différences mar-quées selon le pays de naissance des personnes décédées. Toutes causes confondues, les décès en mars et avril 2020 de personnes nées à l’étranger ont augmenté de 48 % par rapport à la même période en 2019, contre + 22 % pour les décès de personnes nées en France. De plus, une enquête épidémiologique et conditions de vie (EpiCov) réalisée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), apporte un éclairage spécifique sur l’impact de la Covid en France chez les personnes ayant un lien à la migration (les personnes immigrées ou descendantes d’au moins un immigré), en comparaison des personnes sans lien à la migration. Elle décrit la séroprévalence à la Covid en mai 2020 et les inégalités sociales. Cette étude montre l’importance primordiale de l’origine sociale et des conditions de vie sur le coronavirus. Ainsi, les classes défavorisées, comme les ouvriers et les migrants sont nettement plus contaminées que les classes aisées, faisant du Covid-19 une maladie profondément inégalitaire.
Aussi à la suite de cette étude, une enquête sur la vaccination, en juillet 2021 met en évidence une inégale vaccination. En
effet les personnes immigrées originaires d’un pays hors Union européenne et leurs descendants sont moins vaccinés que
l’ensemble de la population adulte au moment de l’enquête (respectivement 59 % et 53 %, contre 72 %.
Les partenaires de terrain de Migrations Santé Alsace constatent les incidences de la pandémie du coronavirus sur la santé
mentale des personnes. Ils observent un besoin accru d’accompagnement social et psychologique des personnes lié à
l’isolement social, la fracture numérique, les difficultés d’accès à internet, la crainte de la contagion et les deuils, les difficultés
financières, l’incompréhension des mesures de santé prises etc. Tout particulièrement, la barrière de la langue entrave leur
accès aux messages de prévention.
Nos actions s’inscrivent dans le cadre des politiques publiques :
- Plan Régional de Santé Grand Est 2018-2028 :
nos actions s'inscrivent notamment dans l'axe stratégique n°1 du PRAPS : ''Orienter résolument et prioritairement la
politique de santé vers la prévention dans une démarche de promotion de la santé'', et plus précisément dans :
l'objectif opérationnel 2 : ''Promouvoir une alimentation saine et une activité physique régulière'' ;
l'objectif opérationnel 3 : Améliorer l'information et la connaissance du public en s'appuyant sur les campagnes
nationales de prévention pour les maladies chroniques.''
- Contrat Local de Santé de la Ville de Mulhouse 2015-2020 :
Axe 2 : Education pour la santé et prévention à tous les âges de la vie. Ce volet prévoit la promotion de certains
dispositifs de prévention (prévention du surpoids et de l’obésité chez les enfants, dépistages organisés des can-cers
du sein...)
- Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 feuille de route 2021-2025 « Des progrès pour tous, de
l’espoir pour demain » :
- - Dans l’Axe 4 « S’assurer que les progrès bénéficient à tous », il est précisé l'objectif suivant : « lutter contre les
inégalités par une approche pragmatique et adaptée aux différentes populations » : proposer une information adap-tée
en prévention, soins, après-cancer.
- - Le Programme National Nutrition Santé 2019-2023 (PNNS 4), et plus précisément son axe 4 ''impulser une dynamique
territoriale'', objectif 20 : ''Promouvoir et faciliter les initiatives locales''. L'action 47 recommande de ''développer,
selon les orientations du Projet Régional de santé des actions locales en nutrition cohérentes avec les orientations
et le cadre national de référence défini par le Programme National Nutrition Santé''.
Tous ces éléments renforcent la nécessité de développer des actions spécifiques en direction des populations migrantes non
francophones.

Objectif de l'action
*Objectif général
- Non précisé

*Objectifs stratégiques
- identifier les freins à l’adoption de comportements favorables à la santé et orienter les personnes migrantes vers les structures adaptées

*Objectifs spécifiques
- Permettre aux personnes migrantes de mieux maîtriser leur santé et les facteurs qui la déterminent par la sensibilisation des professionnels de santé et acteurs associatifs et l'amélioration de compétences et connaissances individuelles des publics
- renforcer les connaissances des publics, recueillir et travailler les représentations,

*Objectifs opérationnels
- Mettre en place un accompagnement des professionnels et bénévoles de structures associatives et de quartier, accueillant des populations migrantes, à la mise en place d’actions répondant aux besoins de santé de leurs publics
- Développer des actions d’éducation pour la santé adaptées aux populations migrantes

Description
*Mettre en place un accompagnement des professionnels et bénévoles de structures associatives et de quartier, accueillant des populations migrantes, à la mise en place d’actions répondant aux besoins de santé de leurs publics
- Public : Professionnels accompagnant du public migrant
- Contenu : Echange sur le contenu des animations, la mobilisation du public, le travail en langue d'origine, l'évaluation de l'intervention par le public, les points forts de l'action et les difficultés rencontrées.
- Modalités d'organisation :
- Rythme : Avec chaque structure des temps de rencontre / échanges de fond ont lieu avant la mise en place de la 1ère action, au cours de chaque action et un bilan des actions passées
- Lieu : Structure de l'insertion sociale et professionnelle

*Développer des actions d’éducation pour la santé adaptées aux populations migrantes
- Public : Personnes migrantes
- Contenu : ateliers sur le recueil des besoins, la prévention et le dépistage des cancers, l'alimentation, la santé mentale et la relaxation, accès aux droits et aux soins, santé au travail, la contraception, sexualité, prévention des IST et du SIDA, violences faites aux femmes
- Modalités d'organisation : Durant les animations, les animatrices ont travaillé à partir des représentations des personnes, de leurs connaissances sur la thématique et des idées reçues. Elles ont apporté de nouvelles connaissances, informé sur l’existence de structures ressources. En fonction des besoins, l’animation s’est déroulée totalement en langue d’origine ou de façon bilingue en présence d’interprètes. Les personnes ont ainsi pu s’exprimer de façon fine sur les différents enjeux de santé et avoir accès aux messages de prévention. Chaque atelier sera animé par un binôme d’animatrices et/ou professionnels de santé selon la thématique et en présence de maximum 2 interprètes professionnels
- Rythme : 15 séances par an
- Lieu : Adomas, Aléos, Euroformation, Institut des Tournesols

Partenaire de l'action
Adoma, Centre Socio culturel, ASTI, AURAL, ALEOS, Institut les Tournesols, CRCDC, ORS, Ireps Grand Est, CNAM, Régime Local d'Assurance Maladie, Ville de Colmar, Service Social du Groupement Hospitalier de Mulhouse

Année de début de réalisation
2022

Année de fin de réalisation
2022

Durée
12 mois, de janvier 2022 à décembre 2022

Fréquence
Répétitive

Public
Adultes 18-55 ans, Personnes de plus de 55 ans, Professionnels du social, Personnes immigrées

Nombre de personnes concernées
139

Type d'action
Communication, information, sensibilisation, Soutien aux équipes

Outils et supports créés :

Non précisé

Outils et supports utilisés :

Non précisé

Communication et valorisation de l'action
Non précisé

Financeur
  • ARS : 10000 €
  • Assurance Maladie
  • - Régime général : 8650 €
  • Collectivités territoriales
  • - Communes et intercommunalités : 2000 €
  • Etat
  • - DREETS : 3300 €
  • - Autre : 4600 €
  • Fonds propres : 2367 €

Evaluation de l'action
*Indicateurs de processus
- Nombre de structures contactées : 7
- Nombre de professionnels rencontrés : 20
- Difficultés de santé recueillies : Les préoccupations sur la question de la vaccination COVID-19 notamment en début d’année les difficultés de communication entre les structures et les personnes, les difficultés de mobilisation des publics, les difficultés linguistiques des personnes, les difficultés de recours à l’interprétariat dans l’accompagnement social et médical des personnes, les difficultés d’insertion sociale des personnes : isolement, difficulté d’accès à l’emploi, les préoccupations des personnes par des problématiques sociales, administratives, les difficultés d'accès aux droits en matière de santé : méconnaissance des droits, incompréhension du système de santé en France, les difficulté financières des partenaires pour la mise en place d’actions, souffrance pscychique et difficulté d’orientation vers le service de psychiatrie à l’Hôpital Pasteur en raison des délais d’attente.
- Nombre de structures expertes contactées : Non précisé
- Nombre de réunions de préparation : 2
- Nombre d'animations réalisées conjointement : Non précisé
- Nombre de structures partenaires : 5
- Nombre de temps de bilans : Non précisé
- Point abordés dans les temps de bilan : Non précisé
- Nombre de réunion de COPIL
- Nombre de traductions : 4
- Nombre de séances réalisées : 15
- Thématiques abordées : Recueil des besoins, prévention et dépistage des cancers, alimentation, santé mentale, acces aux droits/santé au travail, contraception, sexualité, prévention IST/SIDA, violences faites aux femmes
- Nombre de participants aux actions : 139 personnes et 37 professionnels
- Représentations recueillies
- Informations apportées : Recueil des besoins pour échanger sur la santé globale et déterminer les besoins des personnes pour mettre en place des thématiques de santé adaptées. Prévention et dépistage des cancers : Les informations apportées ont porté sur les facteurs de risque et de protection épidémiologie des cancers, les bénéfices d’un diagnostic précoce, des avancées thérapeutiques et du dispositif de dépistage organisé des cancers du sein et col de l’utérus et colorectal. Alimentation : les informations ont porté sur la composition d’un repas équilibré, les différents groupes alimentaires, les rythmes des repas, Les portions, les différentes fonctions de l’alimentation (plaisir – convivialité, protection de la santé, etc.), les façons de cuisiner en logement précaire et avec un petit budget. Santé mentale : techniques de relaxation : le contenu a porté sur : qu’est-ce le stress ? des exercices pratiques de relaxation, de gestion du stress par la respiration, automassage etc. Accès aux droits et aux soins / Santé au travail. Contraception, sexualité, prévention des IST et du Sida, violences faites aux femmes : les différents moyens de contraception, leur prise en charge ; les principales IST, les modes de transmission, les traitements, les possibilités de guérison et la prévention ; les différentes formes de violences, le cadre légal et les recours possibles, le consentement
- Nombre de réunions d'équipe : 2
- Nombre d'heures de formation : 7h
- Nombre d'outils pédagogiques recensés Non précisé
- Nombre de séances d'animation observées par la chargée de projets : Non précisé

*Indicateurs de résultats
- Amélioration des connaissances sur les thématiques de santé : Non précisé
- Amélioration des connaissances des structures et dispositifs de prise en charge : Non précisé

Secteur d'activité
Structures de l'insertion sociale et/ou professionnelle (Mission locale, Regain ,Accueil et réinsertion sociale , Association Aurore, etc.)

Niveau géographique
Départemental

Niveau départemental
Haut-Rhin

Catégorisation
A1
Développement d'offres de promotion de la santé
A2
Représentation d'intérêts, collaboration entre organisations
A3
Mobilisation sociale
A4
Développement de compétences personnelles
B1
Offres en matière de promotion de la santé
B2
Stratégies de promotion de la santé dans la politique et les institutions
B3
Potentiel social et engagement favorables à la santé
B4
Compétences individuelles favorables à la santé
C1
Environnement physique favorable à la santé
C2
Environnement social favorable à la santé
C3
Ressources personnelles et types de comportement favorables à la santé
D
Augmentation de l'espérance de vie en bonne santé - Amélioration de la qualité de vie - Diminution de la morbidité et de la mortalité (liée à des facteurs de risque)