Prise en charge des femmes migrantes victimes de violences et des enfants co-victimes : la traduction et l’interprétariat professionnels comme levier d’action

2022

Porteur de l'action : Migrations Santé Alsace (MSA), Association

24, rue du 22 novembre , Strasbourg

Thème
Sexualité (contraception, IVG), VIH-Sida IST, Hépatites (VHB - VHC)

Contexte
Les violences sexistes et sexuelles touchent toutes les femmes, quel que soit leur milieu social, leur origine, etc. Néanmoins,
les femmes migrantes et immigrées sont dans une situation de plus forte vulnérabilité face aux violences. En effet,
elles sont plus souvent isolées, dans des situations de dépendance économique ou liées aux papiers et connaissent moins
bien le système de santé et d’accompagnement français. Elles sont également surreprésentées parmi les victimes de la
prostitution et sont plus à risques de mutilations sexuelles. Lorsqu’elles ne maîtrisent pas le français, leur isolement s’en trouve redoublé – les conjoints ou enfants assurant souvent la traduction – et les possibilités de sortir d’une situation de violence plus faibles. La Stratégie Nationale de Santé Sexuelle 2021-2024 souligne clairement que la barrière de la langue est un frein majeur à l’accès aux droits sociaux, à la prévention et aux soins (p.50). En effet, lorsqu’une personne ne maîtrise pas le français, comment peut-elle se repérer dans les dispositifs d’aide et de prise en charge, être autonome dans ses décisions, faire valoir ses droits, exprimer ses besoins et attentes ? De même, les professionnels-les se trouvent en difficulté pour accompagner les personnes, comprendre la situation, orienter et informer. Lorsqu’il y a une barrière de langue, les professionnels ont souvent recours à des solutions « bricolées » : recours à des sites de traduction en ligne, recours à la famille ou des amis pour assurer la traduction, recours à des collègues parlant des langues étrangères, etc. Les limites posées par ces différentes solutions sont des traductions approximatives voire erronées, le non respect du secret professionnel, et in fine des erreurs d’orientation et d’accompagnement.
Or, le Grand-Est est particulièrement concerné par cette problématique : 8,6% de la population est immigrée et 11% des demandeurs d’asile au niveau national sont orientés dans cette région. Les départements les plus concernés par la présence immigrée sont le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle (61% des primo-arrivants, chiffre ORIV 2020). Par ailleurs, plus d’un primo-arrivant du Grand-Est sur deux ne maîtrise pas la langue française lors de son arrivée en France. Le taux de prescription de formation linguistique est en effet de 54% en 2020 (données ORIV). La lettre de soutien de la coordination régionale des CIDFF du Grand-Est met bien en évidence ce besoin d’interprétariat professionnel dans l’accompagnement. En effet, l’interprétariat professionnel, qui permet de garantir la fidélité de la traduction, l’autonomie des personnes et le secret professionnel, est essentiel pour garantir un accompagnement et une prise en charge adaptée des personnes migrantes et primo-arrivantes.

Riche d’une expérience de plus de 40 ans, l’association Migrations Santé dispose aujourd’hui d’une très solide expertise dans le domaine de l’interprétariat médical, social et médico-social professionnel. L’association est reconnue des pouvoirs publics sur cette thématique et est régulièrement associée à des temps de travail nationaux (rapport de l’IGAS sur l’interprétariat en santé - 2019/2020 ; intervention dans le cadre du colloque sur l’interprétariat organisé par la DGS / Santé Publique France – 2018 ; élaboration du référentiel de bonnes pratiques et de formation de l’interprétariat dans le domaine du soin – Haute Autorité de Santé – 2016/2017). Migrations Santé dispose de 90 interprètes salariés-es, qui travaillent dans plus de 35 langues de l’immigration. Les interventions ont lieu sur l’ensemble du Grand-Est :
- en présentiel dans le Bas-Rhin et dans le Haut-Rhin,
- par téléphone sur l’ensemble du territoire.
De plus, l’association est membre du Réseau de l’Interprétariat Médical Et Social (RIMES), qui regroupe neuf associations sur le territoire national. Ces associations travaillent conjointement pour faire reconnaître le métier d’interprète dans le domaine médical et social, ainsi que pour mutualiser les pratiques en termes de professionnalisation et de formation. Le réseau a notamment élaboré une charte de l’interprétariat médical et social en 2012, qui est citée comme référence par la Haute Autorité de Santé dans le cadre de ses travaux.

Objectif de l'action
*Objectif général
- Non précisé

*Objectif stratégique
- Améliorer la prise en charge des femmes victimes de violences et des enfants co-victimes ne maîtrisant pas le français en levant la barrière linguistique : interprétariat professionnel, formation et traduction.

*Objectifs spécifique
- Renforcer les partenariats existants et mobiliser de nouvelles associations de prise en charge des femmes victimes de violences afin de promouvoir l’interprétariat professionnel

*Objectifs opérationnels
- Mettre en place des formations pour les interprètes médical et social professionnels qui interviennent en Grand-Est aux spécificités de la prise en charge des femmes victimes de violences et des enfants co-victimes
- Mettre à disposition des interprètes médical et social professionnels pour les associations de prise en charge des femmes victimes de violences et des enfants co-victimes dans au moins 3 départements du Grand-Est
- Mettre à jour le guide santé « Notre corps, notre sexualité et nos droits » disponible en 6 langues et l’élargir à la région Grand-Est

Description
*Mettre en place des formations pour les interprètes médical et social professionnels qui interviennent en Grand-Est aux spécificités de la prise en charge des femmes victimes de violences et des enfants co-victimes
- Public : interprètes médical et social professionnels qui interviennent en Grand-Est
- Contenu : La trame du programme proposé sera la suivante (avec des possibilités d’évolution en fonction des remarques des
structures expertes) : Première journée : Apports sociologiques : connaissances sur les différentes formes des violences sexistes et sexuelles, sur leurs mécanismes et sur leurs conséquences pour les femmes et les enfants co-victimes. 3h/ Analyse d’expériences professionnelles. 3h. Seconde journée : Cadre juridique et prise en charge des victimes (missions des intervenants, forme de l’accompagnement, etc.). 3h / L’interprétariat lors de la prise en charge des victimes de violences sexistes (viols, tortures) en contexte de demande d’asile ou de consultation en santé mentale. 3h
- Modalités d'organisation : Les structures expertes identifiées comme intervenantes pressenties sont : les CIDFF, A part Entière et l’association Parole Sans Frontière. Ceci permettrait de prendre en compte à la fois les mécanismes sociologiques, les aspects psychologiques et de santé et la dimension pratique de l’accompagnement. Ces structures seront contactées afin de leur proposer de participer à la formation. Une réunion sera organisée avec chaque structure afin de leurs presenter les objectifs de la formation, la trame du programme à co-construire ainsi que le cadre de leur intervention. Le CIDFF du Bas-Rhin a d’ores et déjà été rencontré et a donné son accord de principe pour une intervention. Ce travail de construction du programme est essentiel dans la mesure où il est nécessaire d’adapter les formations habituelles sur la prise en charge des violences aux contraintes spécifiques du métier d’interprète (gestion des émotions, secret professionnel, juste distance, respect de l’autonomie du professionnel et de la personne accompagnée…). Un temps de bilan avec les différentes structures intervenantes sera également organisé à l’issue de chaque session pour adapter les contenus si nécessaire. L’évaluation de la formation sera réalisée à l’aide d’un questionnaire de satisfaction remis aux stagiaires ainsi qu’aux formateurs-trices. De plus, 6 mois après la première session de formation, il sera organisé une demi-journée d’échanges avec les interprètes qui ont été formés afin d’avoir leur retour à froid et de faire évoluer la formation si besoin.
- Rythme : Le module de formation “Interprétariat médical et social professionnel dans le contexte de la prise en charge des femmes victimes de violences” sera propose annuellement, en 2022, 2023 et 2024, à 15 interprètes de Migrations Santé, permettant au total la formation de 45 personnes
- Lieu : Non précisé

*Mettre à disposition des interprètes médical et social professionnels pour les associations de prise en charge des femmes victimes de violences et des enfants co-victimes dans au moins 3 départements du Grand-Est
- Public : femmes victimes de violences et des enfants co-victimes
- Contenu : Les professionnles intervenant dans la prise en charge des femmes vicitimes de violences pourront solliciter Migrations Santé pour des interventions d’interprètes professionnels au cours de leurs entretiens. Ces interventions n’auront de coût ni pour leur structures ni pour les femmes accompagnées. Ceci permettrait de lever le frein financier à l’interprétariat
- Modalités d'organisation : Migrations Santé Alsace participera aux différents réseaux existants , contactera les structures identifiées dans la prise en charge des femmes de victimes pour rencontrer les différents acteurs et échanger sur: les problématiques de la barrière linguistique, l’importance du recours à un interprète professionnel, le travail avec un interprète professionnel. Sur le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, les professionnels pourront solliciter un interprète par déplacement et par
téléphone. En Moselle et dans le reste du Grand-Est, il sera proposé de l’interprétariat par téléphone via notre plateforme téléphonique sécurisée garantissant la confidentialité des échanges
- Rythme : 250 heures d'interprétariat en 2022 mises à disposition
- Lieu : Trois départements du Gran- Est seraient ciblés plus particulièrement : le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle. Ces département ont été identifiés car ils regroupent la proportion la plus importante de personnes immigrées du Grand-Est (61% des primo-arrivants).

*Mettre à jour le guide santé « Notre corps, notre sexualité et nos droits » disponible en 6 langues et l’élargir à la région Grand-Est
- Public : femmes migrantes récemment arrivées et/ou peu francophones
- Contenu : Suite à un recensement des documents de prévention existants, le comité de pilotage des actions d’éducation pour la santé de Migrations Santé Alsace - composé de Sida Info service, Sos Hépatites Alsace, le Planning familial 67, le Centre d’information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) et l’Agence Régionale de Santé (ARS) - avait fait le constat d’un manque d’outils adaptés aux femmes migrantes sur la santé sexuelle. Deux éléments principaux étaients ressortis. D’une part, peu de documents étaient traduits en langue d’origine, la barrière de la langue constituant un frein majeur à l’accès à l’information. Deuxièmement, l’approche par pathologie prédominait au détriment d’outils prenant en compte les différents aspects de la santé sexuelle (contraception, IST, VIH/Sida, Hépatites, violences). Partant de ces constats, le guide « notre corps, notre sexualité et nos droits » multilingue à destination des femmes migrantes permettant d’aborder la santé sexuelle de façon globale a été réalisé (cf annexe). Ce guide vise à informer les femmes migrantes récemment arrivées et/ou peu francophones sur les questions liées à la santé sexuelle pour leur permettre de faire des choix éclairés dans un souci d’égalité d’accès aux messages de prévention. Il a été rendu possible grâce au soutien matériel et financier de l’ARS, des villes de Strasbourg, Mulhouse et Colmar et du Conseil Départemental du Haut-Rhin.
- Modalités d'organisation : Le guide est traduit en 5 langues : anglais, albanais, russe, arabe et turc. Il comprend 3 parties : La contraception, l’interruption volontaire de grossesse et la ménopause, Les Infections Sexuellement Transmissibles (Sida, hépatite B …), la prévention, le dépistage et les traitements, Les violences faites aux femmes. Il se termine par les coordonnées de structures de prise en charge sur le territoire alsacien. Le guide sera mis en page par le même cabinet de graphisme que pour la première édition (Cabinet Matière grise).
- Rythme : Le guide sera disponible en version électronique. Il sera également imprimé en 5000 exemplaires et disponibles pour les structures sur demande pour les distribuer à leur public.
- Lieu : Le guide sera diffusé auprès des structures travaillant avec un public migrant sur le Grand Est. Le réseau de
Migrations Santé et des membres du comité de pilotage permettra d’en assurer la diffusion

Partenaire de l'action
CIDFF, Parole sans frontière ; Sollicitation des interprètes professionnells ; Les CIDDF ; Les Planning Familial ; Les associations d’aide aux victimes du réseau France Victime (SOS Aide aux Habitants, Viaduq,…) ; Centre Flora Tristan / SOS Femmes ; Solidarités Femmes 68 ; Espoir ; AIEM ; ATAV ; LéA ; Service d’accompagnement et de prevention des violences Conjugales ; Sida Info service ; Sos Hépatites, le Planning familial – Fédération Grand-Est, la Coordination régionale des Centres d’information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) ; Agence Régionale de Santé (ARS) ; DRDFE

Année de début de réalisation
2022

Année de fin de réalisation
2022

Durée
12 mois, janvier 2022 à décembre 2022

Fréquence
Répétitive

Public
Professionnels de santé, Professionnels du social, Professionnels de l'éducation, Autre profession, Personnes immigrées, Personnes en difficulté socio-économique, Femmes

Nombre de personnes concernées
15 interprétes

Type d'action
Formation, Coordination locale, Prise en charge sociale

Outils et supports créés :

Non précisé

Outils et supports utilisés :

Non précisé

Communication et valorisation de l'action
Non précisé

Financeur
  • ARS : 8537 €

Evaluation de l'action
*Indicateurs de processus
- Nombre d’interprètes formés et diversité des langues : 15 interprètes
- Nombre de professionnels rencontrés, typologie par département : 2 juristes du CIDFF, ainsi qu'une sociologue et une formatrice spécialisée sur les questions de genres et d'accompagnement des victimes
- Nombre de réseaux / instances auxquels Migrations Santé Alsace participe par département : Non précisé
- Nombre d’heures d’interprétariat réalisées, langue, par département : Non précisé
- Nombre de passage de femmes victimes de violences, par langue et département : Non précisé
- Nombre de réunions du comité de pilotage pour l’actualisation du contenu du guide « Notre corps, notre sexualité et nos droits » : Non précisé
- Participants au comité de pilotage, typologie : Non précisé
- Nombre de guides diffusés : Non précisé
- Nombre de structures auprès desquelles le guide a été diffusé par département : Non précisé

*Indicateurs de résultats
- Non précisé

Secteur d'activité
Non précisé

Niveau géographique
Départemental

Niveau départemental
Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin

Catégorisation
A1
Développement d'offres de promotion de la santé
A2
Représentation d'intérêts, collaboration entre organisations
A3
Mobilisation sociale
A4
Développement de compétences personnelles
B1
Offres en matière de promotion de la santé
B2
Stratégies de promotion de la santé dans la politique et les institutions
B3
Potentiel social et engagement favorables à la santé
B4
Compétences individuelles favorables à la santé
C1
Environnement physique favorable à la santé
C2
Environnement social favorable à la santé
C3
Ressources personnelles et types de comportement favorables à la santé
D
Augmentation de l'espérance de vie en bonne santé - Amélioration de la qualité de vie - Diminution de la morbidité et de la mortalité (liée à des facteurs de risque)