Accès aux droits, aux soins et la prévention des personnes migrantes : actions d’éducation et promotion de la santé

2021

Porteur de l'action : Migrations Santé Alsace (MSA), Association

24, rue du 22 novembre , Strasbourg

Thème
Conduites addictives, Nutrition (alimentation et activité physique), Cancers, Sexualité (contraception, IVG), VIH-Sida IST, Hépatites (VHB - VHC)

Contexte
Qu’elle soit volontaire ou subie, la migration fragilise les populations. Différentes études attestent que l'état de santé des migrants est globalement meilleur que celui de la population du pays d’origine mais que celui-ci se dégrade après leur arrivée et leur installation dans la société d'accueil. Ceci se traduit par des inégalités de santé puisque, à âge identique, les hommes immigrés ont une probabilité supérieure de 30% de déclarer un état de santé altéré que les hommes de la population majoritaire. Pour les femmes immigrées, cette probabilité s’accroît de 80% .
Parmi les déterminants qui expliquent cette inégalité, les conditions de vie jouent un rôle essentiel. En effet, les immigrés sont surreprésentés parmi les populations précaires. Selon l’INSEE (2013), Leur niveau de vie est inférieur de 30% à ceux des non-immigrés et le taux de pauvreté avoisine les 40% (contre 14% en moyenne). D’autres déterminants doivent également être pris en compte notamment la perte de réseaux de soutien, la barrière de la langue et les traumatismes liés à l’exil.
Favoriser l’accès aux droits, aux soins et à la prévention des personnes immigrées renvoie ainsi à un enjeu de réduction des inégalités sociales de santé. Ainsi, l’académie de médecine, dans son rapport Précarité, pauvreté et santé de juin 2017, recommande de réaliser des efforts particuliers en direction de groupes sociaux particulièrement vulnérables dont les migrants.
2.Une population migrante inégalement répartie sur le territoire, d’origine diverse
Au sein de la région, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin concentrent la majorité de la présence immigrée avec 49,3% du total des immigrés du Grand Est. C’est également le territoire qui accueille le plus de primo-arrivants avec 49,3 % des nouveaux titres de séjours délivrés dans le Grand Est.
La provenance des bénéficiaires du Contrat d’Intégration Républicaine est variée, avec plus de 115 nationalité différente. Les pays les plus représentatifs sont le Maroc, le Kosovo, l’Afghanistan, la Turquie, l’Algérie, la Syrie et l’Albanie.
La population ciblée par nos actions correspond au public-cible du Conseil Régional, à savoir les « publics éloignés des dispositifs de santé ».
3.Les difficultés d’accès à la prévention
Dans leur vie quotidienne, les populations migrantes et primo-arrivantes ont un accès limité à l’information et restent majoritairement exclues des campagnes de prévention, ce qui restreint leur accès aux droits et aux soins.
Certes, de façon générale, dans les couches populaires – parmi lesquelles les migrants sont surreprésentés - les comportements de prévention et le recours au soin sont inférieurs aux catégories plus aisées. Néanmoins, certaines spécificités des migrants sont, ici, à prendre en compte :
• la langue d’origine peut porter des représentations différentes dans la façon même de nommer le corps, l’intime, la santé et les maladies ;
• les décalages entre les cultures et modes de vies des pays de départ et d’accueil peuvent avoir une incidence sur la santé ;
• les politiques de santé des pays d’origine peuvent influencer la façon dont les comportements de prévention sont pensés et suivis ;
• le système de soins français reste largement méconnu et peu accessible du fait de la barrière de la langue.
Ainsi, une étude de 2015 montre que près de la moitié des migrants d’Afrique subsaharienne séropositifs au VIH et résidant en Ile-de-France ont été infectés après leur arrivée en France .
De plus, un rapport d’avril 2018 montre que les cancers sont diagnostiqués dans une plus grande proportion à un stade précoce chez les 40-74 ans . Cette étude confirme le bien-fondé de nos actions, car elle montre que les actions d’éducation et de promotion de la santé ont un impact positif en ce qui concerne les 40-74 ans, « classe d’âge qui inclut la cible des programmes de dépistage organisé ” .
Ces spécificités sont d’autant plus fortes que les personnes sont arrivées sur le territoire récemment et ont peu eu la possibilité de se familiariser avec le système de soins français, les modes de vies et les représentations. Ces différents éléments s’articulent et évoluent selon les trajectoires des migrants et des primo-arrivants et leurs histoires de vie. Aussi, seule une démarche de proximité permet de prendre en compte les aspects culturels tout en laissant à la personne sa position de sujet.
→ Besoins et attentes exprimées par les populations migrantes et les professionnels qui les accompagnent:
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En ce qui concerne les thématiques de santé, plusieurs besoins et attentes ressortent des temps d’échanges avec les populations migrantes ainsi qu’avec les professionnels qui les accompagnent :
a) Des interrogations sur le système de santé en général et l’accès aux droits et aux soins : comment s’orienter dans le système de santé ? Quel est le rôle des urgences, de l’hôpital, du médecin traitant ? Qu’est-ce que la sécurité sociale ? Comment être pris en charge ?
Dans le même esprit, le plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté note ainsi que « certains obstacles à l’ouverture des droits concernent plus souvent certains publics, à commencer par les migrants, parmi lesquels les taux de recours sont parfois très faibles. A cet égard, la non-maîtrise de la langue et une méconnaissance des circuits et des procédures peuvent décourager et empêcher le recours ». Le plan encourage le ciblage d’actions en direction des personnes faisant le moins valoir leurs droits.
b) Des interrogations sur la nutrition, l’équilibre alimentaire et l’activité physique : comment se nourrir de façon équilibrée lorsque le budget est restreint ? Quelles sont les habitudes alimentaires du pays d’origine qui participent d’une alimentation équilibrée ? Comment cuisiner les légumes qui n’existent pas dans les pays d’origine ? Comment avoir une activité physique régulière ?
c) Des interrogations sur le dépistage et la prévention des cancers, notamment les cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal : Quels sont les signes d’un cancer ? Quels sont les facteurs de risques et les facteurs protecteurs ? Quels sont les tests de dépistages existants ?
Ces questionnement rejoignent les constats présents dans le IIIème plan cancer (2014 – 2019) Ainsi, dans l’objectif 1.7 « lutter contre les inégalités d’accès et de recours aux programmes de dépistage », il est précisé : « suivre et analyser spécifiquement, en vue de mener des actions ciblées, la participation aux programmes de dépistage de populations identifiées comme vulnérables ou ayant des difficultés d’accès : personnes devant faire face à des difficultés socioculturelles ou linguistiques »
d) des interrogations sur d’autres pathologies ou problèmes de santé : celles-ci sont souvent liées à l’âge ou au sexe des personnes rencontrées. Ainsi, les plus jeunes expriment des attentes autour d’aspects liés à la sexualité, aux hépatites, à la santé des enfants. Les personnes plus âgées sont davantage préoccupées par le diabète et les maladies cardio-vasculaires.
4.Les migrants face au contexte pandémique actuel
Le contexte sanitaire lié à l’épidémie de la COVID-19 touche l’ensemble de la population mondiale mais ce sont les plus vulnérables et les plus pauvres qui sont les plus impactés, tant d’un point de vue sanitaire qu’économique. Des études récentes mettent en lumière ces inégalités et démontrent que le virus touche de façon plus importante les ménages les plus modestes, généralement en moins bonne santé, et parmi eux les migrants sont sur-représentés.
Ainsi, un rapport publié en octobre 2020 par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) compilant les données sur l’impact de la crise économique et sanitaire parmi ses pays membres, souligne un risque d’infection et une mortalité plus élevée, malgré une moyenne d’âge plus jeune chez les personnes immigrées comparé à celui des personnes nées dans le pays.
En France, une étude de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) , réalisée en juillet 2020, démontre une mortalité chez les immigrés deux fois plus élevée face à la pandémie de Covid-19. Pendant la crise sanitaire liée à la Covid-19, le nombre de décès a fortement augmenté en France, avec des différences marquées selon le pays de naissance des personnes décédées. Toutes causes confondues, les décès en mars et avril 2020 de personnes nées à l’étranger ont augmenté de 48 % par rapport à la même période en 2019, contre + 22 % pour les décès de personnes nées en France.
De plus, une enquête épidémiologique et conditions de vie (EpiCov) réalisée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), apporte un éclairage spécifique sur l’impact de la Covid en France chez les personnes ayant un lien à la migration (les personnes immigrées ou descendantes d’au moins un immigré), en comparaison des personnes sans lien à la migration. Elle décrit la séroprévalence à la Covid en mai 2020 et les inégalités sociales. Cette étude montre l’importance primordiale de l’origine sociale et des conditions de vie sur le coronavirus. Ainsi, les classes défavorisées, comme les ouvriers et les migrants sont nettement plus contaminées que les classes aisées, faisant du Covid-19 une maladie profondément inégalitaire.
→ Besoins et attentes exprimées par les populations migrantes et les professionnels qui les accompagnent:
Les partenaires de terrain de Migrations Santé Alsace constatent les incidences de la pandémie du coronavirus sur la santé mentale des personnes. Ils observent un besoin accru d’accompagnement social et psychologique des personnes lié à l’isolement social, la fracture numérique, les difficultés d’accès à internet, la crainte de la contagion et les deuils, les difficultés financières, l’incompréhension des mesures de santé prises etc. Tout particulièrement, la barrière de la langue entrave leur accès aux messages de prévention.

Objectif de l'action
* Objectif général
- Permettre aux personnes migrantes de mieux maitriser leur sante et les facteurs qui la déterminent par la sensibilisation des professionnels de sante et acteurs associatifs et l’amélioration de compétences et connaissances individuelles des publics

* Objectifs stratégiques
- Non précisé

* Objectifs spécifiques
- Accompagner les professionnels et bénévoles de structures associatives et de quartier, accueillant des populations migrantes, à la mise en place d’actions répondant aux besoins de santé de leurs publics
- Développer des actions d’éducation pour la santé adaptées aux populations migrantes
- Développer des actions sur la COVID -19 au vu de la crise sanitaire actuelle

* Objectifs opérationnels
- Rencontrer et sensibiliser annuellement des professionnels et bénévoles de structures associatives et de quartier autour des enjeux de santé des populations migrantes (CADA, centres socio-culturels…)
- Mobiliser des structures expertes (CPAM, CRCDC, Planning familial, PASS, Centre d’Etude du Diabète, AURAL …) pour intervenir conjointement lors d’animations collectives
- Assurer le suivi et la qualité du partenariat
- Réaliser au moins 10 séances d’éducation à la santé (les thématiques seront décidées en fonction des besoins de public, des référents des structures, des orientations de politiques publiques. Les thématiques pressenties sont : nutrition, parcours de soins, le dépistage et la prévention des cancers et les maladies cardiovasculaires, gestion du stress, prévention des accidents domestiques etc.)
- Traduire des supports d’aide à la mobilisation et d’animation
- Encadrer et former les intervenantes de Migrations Santé dans le cadre des actions collectives
- S’assurer de la qualité et de l’adaptation des animations au public
- Encadrement et formation les intervenantes de Migrations Santé sur la compréhension de la pandémie du COVID- 19 et des mesures de prévention individuelles et collectives ;
- Réalisation d’au moins 5 actions collectives en langue d’origine autour de cette thématique
- Traduire des outils d’aide à la mobilisation (affiches, …)

Année de début de réalisation
2021

Année de fin de réalisation
2021

Durée
12 mois, de janvier 2021 à décembre 2021

Fréquence
Répétitive

Public
Personnes immigrées

Nombre de personnes concernées
Prévisionnel :
10 professionnels
90 personnes migrantes

Type d'action
Communication, information, sensibilisation

Financeur
  • ARS : FIR ARS prévisionnel : 10 000 €
  • Assurance Maladie : RLAM prévisionnel : 8 518 €
  • Collectivités territoriales : DDCS 67/68 prévisionnel 1 954 €
  • - Communes et intercommunalités : Ville de Colmar prévisionnel : 2 000 €
  • - Conseil régional : Région GE prévisionnel : 1 958 €
  • - DRJSCS : DRJDSCS prévisionnel : 1 954 €
  • - Autre : CNAM €
  • Autre : FONGEP 977 €

Evaluation de l'action
* Indicateurs de processus
- 37 professionnels / 8 structures (prévisionnel : 10)
- 63 personnes ont bénéficié de 7 "actions santé"
- 121 personnes ont bénéficié de 8 séances sur le Covid

* Indicateurs de résultats
- Non renseigné

Secteur d'activité
Structures médico-sociales pour personnes en situation de précarité (CHRS , CADA, foyer d’accueil, chantier d'insertion sociale, foyer jeunes travailleurs , etc.)

Niveau géographique
Communal

Commune
Mulhouse

Catégorisation
A1
Développement d'offres de promotion de la santé
A2
Représentation d'intérêts, collaboration entre organisations
A3
Mobilisation sociale
A4
Développement de compétences personnelles
B1
Offres en matière de promotion de la santé
B2
Stratégies de promotion de la santé dans la politique et les institutions
B3
Potentiel social et engagement favorables à la santé
B4
Compétences individuelles favorables à la santé
C1
Environnement physique favorable à la santé
C2
Environnement social favorable à la santé
C3
Ressources personnelles et types de comportement favorables à la santé
D
Augmentation de l'espérance de vie en bonne santé - Amélioration de la qualité de vie - Diminution de la morbidité et de la mortalité (liée à des facteurs de risque)